LOUKOUM-TOUR

Lorsque Şafak, Daphné, Simon et Usnu, d'ordinaire très détendus, s'agitent derrière le comptoire, c'est signe que la soirée sera agitée.
Plusieurs fois par semaines, le Kooperatif organise des Jam Session et laisse carte blanche aux jeunes musiciens Turcs venus partager quelques accords rythmés le temps d'une soirée. Le lieu bien connu des amateurs de musique se bonde alors jusqu'à plus pouvoir, et ne désempli généralement pas avant 3-4h du matin.

"Le Kooperatif c'est Babel". Ici on vient de tous les pays, on parle toutes les langues, et on laisse à la porte ses à priori sur les origines ethniques, sociales, économiques, politiques ou religieuses. Ici on vient rencontrer des gens autour d'un verre de Raki en écoutant les musiciens donner sans compter tout ce qu'ils ont dans le ventre. Ici on fait marcher le goût, l'ouïe, la vue, l'odorat et le toucher. On vient s'imprégner de la vie nocturne d'Istanbul. Et en plus, le serveur est canon ! ;)

Enfin, après des mois nous avons trouvé le temps d'aller poser nos mirettes sur un écran de cinéma, et ça fait du bien. Il faut dire qu'entre moi qui travaille les jours de semaine et Simon qui ouvre le bar les soirs et week-end nous jouons un peu à "assis-debout" ces derniers temps.

Mais vendredi derniers nous somme allés nous glisser dans le petit passage du cinéma Pera, avons descendu jusqu'au sous-sol, sommes passés devant la minuscule cabine du projectionniste avant d'atterrir devant deux imposantes portes en vieux cuit rouge déteint bordé de bois sculpté. Derrière tant de faste se trouvait la plus petite salle de cinéma qu'il m'ai été donné de voir : Quelques places seulement dans une salle toute en longueur au bout de laquelle trônait un écran pas bien plus grand. Cette pièce a pourtant un caché fou. Nous somme placé à la lumière de la lampe torche par un vieux monsieur boiteux et bedonnant à qui les spectateurs donnent la pièce. On se dit que ce Monsieur là appartient tellement au lieu qu'il pourrait se transformer en fantôme de l'opéra passé minuit. 

Le film démarre et tout ça n'est disons ... pas très broadcast. Mais malgré l'absence de sous-titres et un son plutôt maltraîté qui nous ont surement empêché de saisir quelques nuances du films (notre turc n'est pas vraiment top-niveau ...), nous avons été complétement emballés par ce film. Zenne Dance a été tourné à Istanbul et aborde le sujet encore assez tabou en Turquie de l'homosexualité et du travestissement. Le scénario basé sur une histoire vrai, décrit l'histoire d'une rencontre entre trois hommes élevés dans des milieux que tout oppose, et dont les chemins se croisent à Istanbul autour de la "Zenne Dance", la dance des hommes qui se travestissent en femmes. Ce film offre une vision malheureusement bien réelle de la situation en Turquie. Mais si l'homosexualité est plus tolérée en France, je ne pense tout de même pas qu'elle soit acceptée dans toutes les familles ou les institutions. Le thème de ce film lui donne un sens universel. Certains acteurs sont, à mon avis, des perles. En particulier Tilbe Saran, qui est une actrice de théâtre turque très connue. Bref ... A voir !